Exercices sur le texte narratif.

Publié le par M. FOUCHARD

En utilisant le schéma d'exploitation donner en cours, analysez les textes suivants :

 

Texte 1 : Baignade dans la rivière
Encore quelques jours à attendre et c’est jeudi. Ce jour-là il n’y a pas d’école. En Afrique, on
l’appelle le jeudi des jeunes. Certains vont travailler aux champs, récolter le cacao ou porter
les sacs de semailles ; d’autres jouent aux billes ou au football ; d’autres encore fabriquent des
voitures en fil de fer qui imitent si bien les vraies, quant ils ne volent pas les bonbons sur les
étals du marché central.
Seïdou et moi ne fréquentons pas la même école, ne parlons pas la même langue, mais le jeudi
nous nous retrouvons au quartier pour jouer. Ce jour-là, tous les enfants de notre quartier
pauvre, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou animistes, glissent ensemble dans la boue
comme un bouquet d’étoiles.
Dans le quartier Étourdi, nous n’avons que la rivière Ewoé, la rieuse, pour nous détendre.
Ewoé n’est pas toujours propre. Ses eaux sont troubles et mystérieuses. Dès la première
plongée, les algues se déposent délicatement sur notre peau comme autant de tatouages ou
décalcomanies.
Ewoé n’est pas toujours sage. Il arrive que son gosier avide avale plusieurs enfants d’un coup
et ne les rende à leurs parents que bien des jours plus tard, morts. On dit ici qu’au fond des
eaux se cache la mamie Wata, la sorcière des eaux, un esprit mauvais qui se régale avec la
chair fraîche des enfants. 

                                                                                                      Isabelle Lebrat, Samba des collines

 

 

Texte 2 : Candide à Lisbonne

Quand ils furent revenus un peu à eux, ils marchèrent vers Lisbonne ; il leur restait quelque
argent, avec lequel ils espéraient se sauver de la faim après avoir échappé à la tempête. 
À peine ont-ils mis le pied dans la ville en pleurant la mort de leur bienfaiteur, qu’ils sentent
la terre trembler sous leurs pas ; la mer s’élève en bouillonnant dans le port, et brise les
vaisseaux qui sont à l’ancre. Des tourbillons de flammes et de cendres couvrent les rues et les
places publiques ; les maisons s’écroulent, les toits sont renversés sur les fondements, et les
fondements se dispersent ; trente mille habitants de tout âge et de tout sexe sont écrasés sous
des ruines. Le matelot disait en sifflant et en jurant : « Il y aura quelque chose à gagner ici. -
Quelle peut être la raison suffisante de ce phénomène ? disait Pangloss. - Voici le dernier jour
du monde » ! s’écriait Candide. Le matelot court incontinent au milieu des débris, affronte la
mort pour trouver de l’argent, en trouve, s’en empare, s’enivre, et, ayant cuvé son vin, achète
les faveurs de la première fille de bonne volonté qu’il rencontre sur les ruines des maisons
détruites et au milieu des mourants et des morts. Pangloss le tirait cependant par la manche. «
Mon ami, lui disait-il, cela n’est pas bien, vous manquez à la raison universelle, vous prenez
mal votre temps. - Tête et sang ! répondit l’autre, je suis matelot et né à Batavia ; j’ai marché
quatre fois sur le crucifix dans quatre voyages au Japon ; tu as bien trouvé ton homme avec ta
raison universelle » !

Quelques éclats de pierre avaient blessé Candide ;  il était étendu dans la rue et couvert de
débris. Il disait à Pangloss : « Hélas ! procure-moi un peu de vin et d’huile ; je me meurs. - Ce
tremblement de terre n’est pas une chose nouvelle,  répondit Pangloss ; la ville de Lima
éprouva les mêmes secousses en Amérique l’année passée ; même causes, même effets : il y a
certainement une traînée de soufre sous terre depuis Lima jusqu’à Lisbonne. - Rien n’est plus
probable, dit Candide ; mais, pour Dieu, un peu d’huile et de vin. - Comment, probable ?
répliqua le philosophe ; je soutiens que la chose est démontrée » . Candide perdit
connaissance, et Pangloss lui apporta un peu d’eau d’une fontaine voisine. 
Le lendemain, ayant trouvé quelques provisions de bouche en se glissant à travers des
décombres, ils réparèrent un peu leurs forces. Ensuite, ils travaillèrent comme les autres à
soulager les habitants échappés à la mort. Quelques citoyens secourus par eux leur donnèrent
un aussi bon dîner qu’on le pouvait dans un tel désastre. Il est vrai que le repas était triste ; les
convives arrosaient leur pain de leurs larmes ; mais Pangloss les consola en les assurant que
les choses ne pouvaient être autrement : « Car, dit-il, tout ceci est ce qu’il y a de mieux. Car,
s’il y a un volcan à Lisbonne, il ne pouvait être ailleurs. Car il est impossible que les choses
ne soient pas où elles sont. Car tout est bien » .

Un petit homme noir, familier de l’Inquisition, lequel était à côté de lui, prit poliment la
parole et dit : « Apparemment que monsieur ne croit pas au péché originel ; car, si tout est au
mieux, il n’y a donc eu ni chute ni punition.

- Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus
poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur
des mondes possibles. - Monsieur ne croit donc pas  à la liberté ? dit le familier. - Votre
Excellence m’excusera, dit Pangloss ; la liberté peut subsister avec la nécessité absolue ; car il
était nécessaire que nous fussions libres ; car enfin la volonté déterminée... » . Pangloss était
au milieu de sa phrase, quand le familier fit un signe de tête à son estafier qui lui servait à
boire du vin de Porto, ou d’Oporto.
                                                                                              Voltaire, Candide

 

 

Texte 3 : «Joie et lumière »
Qu’est-ce que cette joie du premier soleil ? Pourquoi cette lumière tombée sur la terre emplit-
elle ainsi du bonheur de vivre ? Le ciel est tout bleu, la campagne toute verte, les maisons
toutes blanches ; et nos yeux ravis boivent ces couleurs vives dont ils font de l’allégresse pour
nos âmes. Et il nous vient des envies de danser, des envies de courir, des envies de chanter,
une légèreté heureuse de la pensée, une sorte de tendresse élargie, on voudrait embrasser le
soleil.
                                                                                        Guy de Maupassant,  L’aveugle

 

 

Texte 4 : Une mélodie magique
Il s’empara de la boîte à musique puis se ravisa. Elle méritait bien un échange ! Il fouilla dans
son sac et finit par en sortir la plus belle pièce de son butin : un cristal d’une pureté parfaite.
Surpris d’avoir fait ce beau geste, il s’éloigna dans la nuit, heureux comme un cerf-volant
dans le ciel… Il avait été bercé par les rêves les  plus délicieux et, lorsqu’il s’éveilla, sa
première pensée fut pour la musique. Ah ! l’entendre encore…Rien ne pourrait lui procurer
plus de plaisir.
On ne sait pourquoi, il eut envie de rendre la boite merveilleuse à son propriétaire.
 
                                                                          Muriel Carminati, James Prunier, La chimère bleue

 

 

Texte 5 : Les ondes lumineuses de la lune
Etablie par Dieu gouvernante de l'abîme, la lune a  ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses
ombres portées comme le soleil ; mais comme lui, elle ne se retire pas solitaire ; un cortège
d'étoiles l'accompagne. A mesure que sur mon rivage natal elle descend au bout du ciel, elle
accroît son silence qu'elle communique à la mer ; bientôt elle tombe à l'horizon, l'intersecte,
ne montre plus que la moitié de son front qui s'assoupit, s'incline et disparaît dans la molle
intumescence des vagues. Les astres voisins de leur reine, avant de plonger à sa suite,
semblent s'arrêter, suspendus à la cime des flots. La lune n'est pas plus tôt couchée, qu'un
souffle venant du large brise l'image des constellations, comme on éteint les flambeaux après
une solennité.
 
                                                               Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe Livre 1 Chapitre 6

 

 

 

Exercice à rendre sur feuille.

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